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Kiss

Lorsque Stanley Harvey Eisen - Paul Stanley, surnommé « l'Enfant des étoiles », romantique - (né le 20/01/1952) et sa guitare rencontre la basse de Chaim Witz (de trois ans son aîné : né à Haifa, Israël, le 25/08/1949) - Gene Simmons, dit le « Démon », cynique - en plein Queens new-yorkais, nous sommes en 1973, et le duo a un projet : faire de la musique, et des sous avec.
Après un album mort-né (refusé par leur maison de disques Epic) sous l'appellation de Wicked Lester, ils recrutent le batteur George Peter John Criscuola - Peter Criss, alias le « Chat », les neuf vies nécessaires à une enfance passée à Brooklyn - (né le 20/12/1945), et la seconde guitare Paul « Ace » Frehley, natif du Bronx, qui endosse le personnage du « Guerrier de l'espace », extraterrestre (né le 27/04/1951), et dessine le logo du groupe (on fustigera l'utilisation de caractères runiques, proches des symboles nazis, mais le groupe se contentera de rappeler que trois de ses membres sont d'origine juive).
Selon la légende, Frehley est choisi car il a le bon goût de se présenter à l'audition chaussé de sneakers de couleurs différentes.
« Knights In Satan's Service ? », « Keep It Simple Stupid ? »...
Kiss est né.
Obstination de Kiss Le groupe opte de prime abord pour un maquillage intégral du visage, un rock théâtral manifestement inspiré des délires d'Alice Cooper, et de l'âpreté du rock des New York Dolls, ainsi que d'un imaginaire emprunté à une culture du trottoir et du quotidien, alimentée par les comics et les films de série B.
Les premiers mois d'existence du groupe sont laborieux (il faut vraiment avoir envie de se produire dans ce petit club du Queens, le Popcorn), mais leur manager (tout groupe se doit d'avoir un manager) convainc Neil Bogart, nouveau patron d'un nouveau label (Casablanca, en hommage à son célèbre homonyme, Humphrey) de laisser le quatuor enregistrer un premier album : homonyme, cette première livraison est éditée début 1974, et copieusement assassinée par la critique.
Et même une campagne promotionnelle hystérique ne fait pas décoller les ventes.
Pas désarçonné pour un rond (ou deux), le groupe bat le studio tant qu'il est chaud, et enregistre Hotter Than Hell dans l'année.
Face à la timide carrière de ce deuxième album (paru cet hiver), Kiss prend la décision la plus intelligente de son bref parcours : conquérir son public par la scène, et grâce à des shows extravagants, mêlant musique durcie, scène mobile, batterie qui s'envole dans les airs, pyrotechnies et guitares enflammées (ce qui vaudra à Gene Simmons de mettre le feu à sa chevelure), ou saignantes...
Alors que management et label sont au bord de la banqueroute, décision est en toute logique prise d'enregistrer un album en public.
La parade des monstres d'Alive ! (jusque sur les clichés de pochette, Ace Frehley tenant sa guitare à l'envers), est offerte à la gourmandise des fans (désormais réunis sous le nom de Kiss Army, et judicieusement abreuvés de produits dérivés) en octobre 1975 : en fin de carrière, le disque sera certifié neuf fois Disque de platine.
Un disque sur lequel ont été copieusement adjoint des applaudissements supplémentaires.
Désormais, Kiss est « The hottest band in the land ».
Starisation de Kiss Kiss relève alors la gageure de faire aussi bien en studio que sur scène, en faisant appel au mythique producteur canadien Bob Ezrin (cf.
Lou Reed - Berlin), pour l'enregistrement de Destroyer.
Même si les séances s'avèrent particulièrement tendues entre le producteur et Ace Frehley, ce cinquième album est certifié Disque de platine...avant même sa sortie (avril 1976), sur la simple foi des pré-commandes.
Si les quatre du Bronx y gagne haut la main la bataille sur le terrain des hymnes de hard-rock à l'usage des adolescents tourmentés, ils occupent également avec succès le champ plus mièvre des ballades langoureuses (« Beth »).
Après une tournée européenne, et un concert californien face à 55 000 fans, Kiss se confie aux mains expertes d'Eddie Kramer (qui a oeuvreé derrière Jimi Hendrix) pour l'enregistrement de Rock 'N' Roll Over (1976), retour énergisant à l'inspiration des débuts, gravé dans les locaux d'un théâtre désaffecté (le Nanuet Star Theater, situé dans les hauts de New York).
Le sixième album du groupe devient double platine.
Kiss, offrant son sang pour fournir l'encre rouge nécessaire (sic), incarne alors le héros d'une bande dessinée éditée par Marvel Comics (comme un troublant effet de boomerang, après que le groupe ait puisé une bonne part de son inspiration dans ces mêmes bandes dessinées), met le feu au Japon (tout du moins ses salles de concerts), et connaît enfin le sort réservé aux groupes sous pression : tensions internes (Ace Frehley et Peter Criss supportant mal la main-mise de Paul Stanley et Gene Simmons), succès aussi dévastateur que troublant pour les esprits, alcool et stupéfiants.
Mais on ne change pas une équipe qui gagne (beaucoup d'argent) : toujours produit par Eddie Kramer, l'album Love Gun voit le jour en 1977, est appuyé par une tournée extravagante de triomphes en chaîne, et suivi de l'édition d'un nouvel album en public : Alive II est le huitième disque de Kiss en cinq ans ! Récréation de Kiss Alors que le quatuor occupe parfaitement le marché, à grand renfort de compilation, de comics, et de mugs, une soupape de sécurité inédite est imaginée pour tenter de sauver le groupe : chacun enregistre un album, qui sortira à la même date (de septembre 1978), sous l'appellation commune de Kiss.
Ainsi, Gene Simmons invite sur quelques chansons agréablement diversifiées, ses copains d'Aerosmith ou de Cheap Trick, Bob Seger, Donna Summer, ainsi que sa fiancée de l'instant, une certaine Cher.
Le tout étant supérieur aux parties, seul Ace Frehley tire son épingle du jeu, ce qui a une conséquence exactement opposée au propos initial.
Le guitariste devient en effet de plus en plus sourcilleux vis-à-vis de ses prérogatives.
D'autant que le groupe se fourvoie dans des initiatives préjudiciables (téléfilm d'horreur de série Z), et lorgne de plus en plus vers les sirènes de la disco, en faisant appel au producteur Vinnie Poncia.
Le tube « I Was Made for Lovin' You » déferle sur la planète au début de l'année 1979, et entraîne les ventes de l'album Dynasty.
Le triomphe est tel que le groupe envisage même la création d'un parc d'attractions inspiré par sa propre imagerie (le projet sera finalement abandonné, conséquence des énormes investissements nécessaires à l'entreprise).
Désagrégation de Kiss Mais c'est durant ces séances que la santé de Peter Criss (qui a par ailleurs contracté la fâcheuse habitude de se vanter à qui veut l'entendre de sa collection d'armes) commence à se fragiliser.
Il est remplacé à plusieurs occasions par Anton Fig.
De plus, l'image du groupe (qui attire désormais un public familial) se dégrade au sein de la Kiss Army.
C'est dans ce contexte que juin 1980 voit la sortie d'Unmasked, sous emballage de bandes dessinées, et encore une fois produit par Vinnie Poncia, peu avare d'arrangements grandiloquents.
Le disque, de nouveau éreinté par la critique (sur un mode d'hallali), est à peine certifié or, ce qui, à l'échelle de Kiss, est une catastrophe.
Paul Charles Caravello - devenu pour l'occasion Eric Carr, le « Renard » - pallie le licenciement de Peter Criss, et participe à la tournée européenne et australienne du groupe.
De retour en studio, le quatuor se déchire quant à l'opportunité de réaliser avec Bob Ezrin un concept album, Ace Frehley restant sempiternellement favorable au retour à un rock brutal et immédiat.
C'est donc en novembre 1981 qu'est éditée la bande originale Music from 'The Elder', musique boursouflée (quel fan de Kiss a besoin de synthétiseurs, de violons, et de cors anglais ?) d'un film qui ne sera jamais tourné, et échec retentissant.
Quasi simultanément, Kiss perd le patron de son label (disparu des suites d'une longue maladie), son manager (remercié pour recettes insuffisantes), et son guitariste (victime d'un accident automobile, et d'un comportement irascible l'ayant conduit à détruire un master sur lequel il se considérait comme sous-mixé par Ezrin).
Depuis longtemps, Ace Frehley se contentait de toutes façons d'enregistrer ses parties de guitare dans son studio personnel, et de les adresser par voie postale au producteur.
De même, c'est uniquement pour des raisons contractuelles qu'il apparaît sur les pochettes des deux albums suivants, sans y avoir joué une seule note.
Résurrection de Kiss C'est donc le guitariste Vincent John Cusano (nom de scène : Vinnie Vincent, le « Guerrier Ankh ») qui participe à l'enregistrement de Creatures of the Night (1982), célébration d'un retour aux fondamentaux du groupe (lourdeur, vitesse, saine vulgarité, et heavy metal).
Si l'étoile du groupe a sensiblement pâli dans son pays, il remplit le stade brésilien du Maracana (Rio de Janeiro) de près de 150 000 spectateurs.
En 1983, Kiss ajoute un nouveau gadget - en creux - à sa palette, en se produisant désormais à visage découvert : l'album Lick It Up lui permet de retrouver les certifications de platine.
Mais Vinnie Vincent, trop interventionniste, est remercié, et remplacé par Marc Norton, dit Mark St.
John, musicien de séances, et professeur de guitare.
Gene Simmons s'accorde alors une pause sur les plateaux de cinéma (Runaway l'évadé du futur, où il incarne le méchant docteur Charles Luther, en compagnie de Tom Selleck), et c'est donc d'un esprit distrait qu'il participe à l'enregistrement d'Animalize (1984), premier album du groupe à faire appel à des compositeurs extérieurs, et authentique manifeste de glam-rock.
Lors de la tournée qui suit, Mark St.
John, souffrant d'arthrite, est remplacé en urgence par Bruce Kulick (St.
John décèdera en 2007 d'une hémorragie cérébrale).
C'est avec Asylum (1985), et grâce à une meilleure gestion de son image via les clips, que le groupe retrouve son lustre d'antan, assumant une tournée américaine de près d'une année.
Mutation de Kiss (énième) L'enregistrement de Crazy Nights (1987) est confié au spécialiste du hard FM et producteur Ron Nevison : le fan de base a du mal à assimiler cette nouvelle évolution, d'autant que Kiss, de concerts triomphaux au Japon ou en Grande-Bretagne, à des accueils plus mitigés aux Etats-Unis, se délite progressivement.
Gene Simmons se passionne désormais pour le cinéma, Paul Stanley se produit dans des clubs de modeste capacité, mais les deux finissent par enregistrer comme on pointe : Hot in the Shade (1989) est néanmoins un succès, ainsi que la compilation Smashes, Trashes and Hits (agrémentée de quelques inédits).
C'est alors qu'ils sont convaincus, par le producteur Bob Ezrin, de remettre du coeur à l'ouvrage, que Stanley et Simmons perdent leur batteur : Eric Carr, atteint d'un cancer foudroyant (il était âgé de 41 ans, et décède le même jour que Freddie Mercury le 24 novembre 1991), est remplacé par Eric Mensinger, dit Singer.
L'album Revenge (1992) salue les efforts entrepris, mais Alive III (1993) est redoutablement caviardé par des tripatouillages de studio.
Gestion (des contraintes) Alors que Lenny Kravitz, Stevie Wonder ou Garth Brooks (chanteur de country) rendent hommage au groupe avec l'album Kiss My Ass, le groupe se produit au Japon, en Australie, et en Amérique du sud.
La diversification des produits impose la création des Kiss Conventions (exposition-vente itinérante de produits dérivés, du badge au flipper) au cours desquelles Kiss offre quelques concerts acoustiques et surprises.
Après l'édition d'un MTV Unplugged (1996), et quelques pâmoisons de jeunes filles à leur premier rendez-vous, c'est à bord d'un porte-avions de l'US Navy (sic), le USS Intrepid, que Stanley, Simmons, Criss et Frehley (soit le line-up originel de 1974) annoncent une « kolossale » tournée, américaine et nostalgique, incluant costumes et maquillages d'époque.
Carnival of Souls : the Final Sessions, disque enregistré par l'équipe précédente, est édité en 1997, dans le propos essentiellement artistique d'amortir les frais de studio et de production.
L'entreprise Kiss enregistre donc Psycho Circus (1998), puis s'engage dans une tournée d'adieux de par le monde d'une, non deux, non trois, non quatre, non cinq années, puis offre au monde éberlué un Alive IV (2003), en compagnie de l'orchestre symphonique de Melbourne, en souvenir et solde de tout compte.
Entre temps, Kiss s'est vue gratifié d'une étoile sur Hollywood Boulevard.
Puis, le groupe se sépare.
Puis, le groupe se reforme (Eric Singer revient, Tommy Thayer s'intègre), avec de nouvelles tenues de scène, et de nouveaux maquillages (les précédents étant protégés par des droits drastiques).Puis, Paul Stanley souffre de problèmes de hanche.Puis, Paul Stanley souffre de problèmes cardiaques.Puis, le groupe entame une nouvelle tournée mondiale, qui n'oublie pas le Palais Omnisports de Bercy le 17/6/2008.Puis...Ils se sont produits en clôture du Grand Prix de Formule 1 d'Australie, lors de la trente-deuxième finale du Super Bowl, et aux Jeux Olympiques de Salt Lake City, et ont attiré plus de spectateurs au Budokan Hall de Tokyo que les Beatles.
Ils sont les gardiens de la pureté du heavy-disco-glam-rock, ou quoi que ce soit d'autre.
Ils ont enregistré trente-six albums en trente-deux ans de carrière.
Comme on évoque le plus gros mangeur de saucisses de la foire de Francfort, Kiss reste comme l'un des plus gros groupes de l'histoire du rock.
Et, juste avant le mépris, il convient de se souvenir qu'ils ne font que tendre un miroir à leur public.
Nous.
Kiss s'offre finalement un album convaincant avec Sonic Boom en 2009.
Pour ses bientôt quarante années de rock et de pantomimes, Kiss livre en octobre 2012 Monster où il tente sans grande réussite de raviver la flamme de ses premiers albums de glam rock metal séminal.

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