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Carlos
Saint GermainYvan-Chrysostome Dolto, flanqué d’un patronyme qui n’aurait pas dépareillé dans un album d’Achille Talon, est le fils de la célèbre psychanalyste et théoricienne de la psychologie des enfants Françoise Dolto et d’un kinésithérapeute d’origine russe, Boris Dolto.
C’est d’ailleurs dans la voie tracée par ses parents que le futur Carlos né le 20 février 1943 à Paris, entame ses premiers pas.
S’il se destine à la pratique de la kinésithérapie comme son père, c’est dans une école expérimentale appliquant les thèses comportementales et éducatives de sa mère qu’il fait sa scolarité, à Paris.
Dès la fin des années 50, Yvan-Chrisostome Dolto et sa bande d’amis écument les cabarets de Saint-Germain-des-Prés, et notamment ceux qui diffusent du jazz ainsi que cette nouvelle musique venue des Etats-Unis, le rock ’n’ roll.
Fasciné par les jazzmen, le rejeton Dolto, qui anime alors quelques soirées dans la capitale, est particulièrement admiratif des performances du percussionniste Carlos «Patato» Valdés (1926-2007), artiste qui l’inspire au point de prendre son prénom comme futur nom de scène.RencontresSecrétaire artistiqueC’est en 1959 qu’il rencontre pour la première fois un jeune chanteur-musicienqui fait lui aussi la tournée des cabarets et avec lequel il se lie d’amitié.
Si le jeune Jean-Philippe Smet connaît déjà une petite notoriété sous le pseudonyme de Johnny Hallyday, Carlos, lui, se consacre à ses études de kinésithérapie, en dépit de son activité de danseur et animateur dans les clubs parisiens.
Qu’importe: leur amitié sera durable et indéfectible.
Ayant obtenu son diplôme en 1961, Yvan n’exercera jamais vraiment car, par le truchement d’un ami rencontré quelques années plus tôt, Michel Drucker, il est embauché en 1962 comme animateur de l’émission culte Salut Les Copains sur les ondes d’Europe 1, en remplacement de Lucien Morisse.
Mais cet intérim ne durera pas car, dès l’année suivante, Johnny Hallyday, à la recherche d’un secrétaire artistique, l’engage.
Parallèlement à ses activités auprès du couple Hallyday- Vartan, Carlos développe sa propre carrière de chanteur et d’acteur.
S’il obtient un petit rôle de collégien dansPatate de Robert Thomas (1964), il se fait surtout remarquer pour ses prestations vocales sur le morceau «2 minutes 35 de bonheur», de Sylvie Vartan, ce qui lui ouvre la porte des maisons de disques.SuccèsC’est en 1969 qu’il édite son premier 45 tours, «La Vie est belle» et obtiendra l’année suivante son premier disque d’or avec «Y’a des Indiens partout».
Reconnu comme chanteur, il quitte – en bons termes – Johnny Hallyday pour entamer une carrière solo.
Assurant les premières parties de Sylvie Vartan ou Joe Dassin, il obtient la reconnaissance du public avec le titre fantaisiste «La Cantine» en 1972.
Cette même année, il donne près d’une centaine de galas en accompagnant la caravane du Tour sur les routes de France.
En 1973, sort Une journée de Monsieur Chose, l’un des premiers albums-concept en France, auquel participent, notamment, Sylvie Vartan et Joe Dassin, et qui se classe également disque d’or.
Les années suivantes imposent Carlos comme l’un des fantaisistes préférés des Français.
Les années 1970 lui sont très heureuses, avec le succès de nombreuses chansons, la plupart demeurées célèbres, notamment « Tout nu, tout bronzé» en 1973, «Señor Météo» et «La Bamboula» en 1974, «Big bisou» en 1977,«Rosalie» en 1978, son mariage en 1978, ainsi qu’un duo avec Alain Souchon, «On est foutus, on mange trop» (1979).
Mais le succès va s’amoindrir dans la décennie suivante, d’autant que Carlos choisit de se consacrer également à la télévision et à la radio.Grosses TêtesSon image de barbu débonnaire et jovial lui vaut très vite la reconnaissance du public enfantin et Carlos devient un habitué des émissions de divertissement à destination de la jeunesse.
En dépit des sous-entendus sexuels très explicites de ses textes, le public en culotte courte apprécie ce gros nounours en chemise hawaïenne avec une couronne de fleurs dans les cheveux, d’autant que le chanteur prête sa bonhomie à une campagne de publicité demeurée célèbre pour les boissons fruitées Oasis, pour laquelle il réécrit sa chanson «Rosalie».
D’un côté, il amuse les enfants avec ses apparitions dans Récré A2 ou même, à partir de 1985, avec sa propre émission T’as l’bonjour d’Albert (inspiré par le show américain de Bill Cosby, Fat Albert and the Cosby Kids).
De l’autre, il intègre l’équipe des Grosses Têtes de Philippe Bouvard, sur RTL, où ses prestations distraient une audience adulte.
A partir des années 90, il participera par ailleurs à l’adaptation télévisuelle de la célèbre émission de radio, sur TF1.TélévisionMalgré une actualité en dents-de-scie, Carlos continue pendant la fin des années 80 et la décennie 90, à occuper le paysage audiovisuel et musical français, parrainant le parc d’attractions Mirapolis pendant quatre ans (1988-1992), sortant occasionnellement des recueils d’histoires drôles, animant une série documentaire consacrée à la pêche au gros (Le Gros homme et la mer, pour la chaîne Odyssée et Voyage, constituée de douze films et diffusée de 2000 à 2007) ou un show de variété (Sirocco) et incarnant à l’écran le rôle de Boris Corton, juge d’application des peines dans la série Le JAP diffusée sur TF1.
Par ailleurs, Carlos n’en oublie pas pour autant sa carrière de chanteur et multiplie les galas dans toute la France.
En 1996, il obtient même de se voir adapté en dessin animé pour les besoins de la série Les Aventures de Carlos, produite par Haïn Saban, le créateur des Powers Rangers.Big BisouBon vivant, amateur de single malt et de bonne chère, Carlos est par ailleurs de toutes les fêtes organisées par ses vieux amis du show-business – qu’il s’agisse d’Eddie Barclay, de Johnny Hallyday ou de Philippe Bouvard –, habitude qu’il a gardée de ses jeunes années à Saint-Germain, à la fin des années 50.
Un mode de vie dissolu qui n’est pas étranger à l’affaiblissement précoce de son corps.
Prolifique, Carlos reste l’auteur de plus d’une centaine de chansons, dont certaines seront remixées, parfois même plusieurs fois («Big bisou», par exemple, sorti en 1977, est reprise en 1993 et 1997).
Incarnant, selon les uns le pire, selon d’autres le meilleur de ce qu’a pu produire la variété française, Carlos, moins présent sur scène et à la télévision, apprend en novembre 2007 qu’il souffre d’un cancer, auquel il succombe de manière fulgurante le 17 janvier 2008.
Carlos ne fut, certes, pas un monument du patrimoine artistique français, mais laisse derrière lui l’image d’un homme jovial, perpétuellement hilare qui, d’une certaine manière, a incarné une forme de joie de vivre et d’entrain.
Disque d’or à de multiples reprises avec ses chansons polissonnes, le chanteur à la chemise à fleurs s’était déjà confié dans une autobiographie, Je m’appelle Carlos, qu’il avait alors signé de son véritable patronyme en 1996.
Rosalie
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