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Chic
Guitariste et compositeur, le new-yorkais Nile Rodgers est en quelque sorte l’âme de Chic.
Né le 19/9/1952 à New York, c’est encore un adolescent quand il joue dans l’orchestre de l’Apollo Theater de Harlem, où il a l’occasion de faire ses classes en jouant pour des légendes comme Aretha Franklin et Ben E.
King.
Souffrant d’une discrimination raciale alors encore très forte aux Etats-Unis, il soutient les Black Panthers tout en faisant son chemin dans le circuit musical, ses dons de six-cordistes ne passant pas inaperçus.
En 1970, il rencontre Bernard Edwards, l'as de la basse, natif de Greenville (Caroline du Nord), le 31/10/1952.
En plus de la soul, du jazz et du funk, ils aiment les groupes de rock, comme Led Zeppelin et Roxy Music, qu'ils voient en concert et dont ils veulent suivre l’exemple, ce qui leur permettrait aussi de briser les barrières entre les différents genres et publics.
Devenus inséparables, ils cachetonnent dans une formation funk, le Big Apple Band.
De deux ans leur cadet, le bouillant Tony Thompson (15/11/1954, ex-Labelle et Ecstasy, Passion & Pain) les rejoint quelque temps plus tard à la batterie et c’est ce trio de pointures qui va former l’épine dorsale du groupe.« Le Freak, c’est Chic »Avec au micro une de leurs amies, Norma Jean Wright, ils enregistrent en 1977 la démo d’une chanson appelée « Dance, Dance, Dance » que toutes les maisons de disques leur renvoient.
Entêtés, ils font presser avec leur propre argent un maxi-45 tours qui est tiré à cent exemplaires, qu’ils distribuent dans tous les clubs branchés de la Big Apple, comme le fameux Studio 54.
Ayant enthousiasmé le nabab Ahmet Ertegün en personne, ils rejoignent Atlantic Records : comme Ertegün l’espérait, « Dance, Dance, Dance (Yowsah, Yowsah, Yowsah) » et l’album Chic (décembre 1977) marchent bien, mais c’est le 33-tours suivant, C’est Chic (novembre 78) qui les révèle au monde entier.
Sur la suggestion de Norma Jean Wright, une autre chanteuse s’est jointe à eux, Luci Martin, quand Alfa Anderson remplacera peu après Wright elle-même, celle-ci menant une carrière indépendante.Le succès des chansons incroyablement dansantes du tandem Rodgers/Edwards vient évidemment de la basse d'Edwards et des arrangements de cordes superbes, qui enrichissent leur son clinquant, en évoquant beaucoup ceux de Tony Visconti pour T.
Rex.
Ironie du sort, c’est après avoir été refoulés à l’entrée du Studio 54, un endroit dont ils vont faire les beaux jours, qu’ils ont l’idée d’une chanson vengeresse : « Le Freak » avec comme refrain « Ah, fuck off ! », qui deviendra vite « Ah, freak out ! / Le Freak, c’est chic » (et pas « le fric, c’est chic »).
Six millions d’exemplaires seront écoulés (plus grosse vente de singles de toute l’histoire du label Atlantic) et, comme toute la musique de Chic, ce titre aidera beaucoup à faire aimer le disco, un genre jusque là assez mésestimé par l’intelligentsia mais auquel on ne peut pas complètement les rattacher, leur sens mélodique très aigu les rapprochant davantage des groupes pop.
Encouragés par Ertegün, ils utilisent dans leurs chansons des mots à consonance française pour leur donner un cachet exotique, et montrent une image volontairement décalée lors de certaines interviews télé où ils se contentent de répondre avec quelques monosyllabes ou des termes en français, leur look avec grosses lunettes de soleil, costumes italiens et guitares en plexiglas faisant fureur sur scène.Le phénomène ChicUne fois qu’ils ont investis les studios new-yorkais, ils ne vont plus les quitter et y donner libre cours à toutes leurs fantaisies : en France et aux Etats-Unis, Nile Rodgers réalise en 1978 un autre gros « coup » médiatique avec « Spacer », le smash-hit de S.
B.
Devotion, nom sous lequel se cache Sheila, notre Annie Chancel nationale, et qui cartonne dans les deux pays.
Lui et Edwards sont également derrière deux hits de Sister Sledge, « He’s The Greatest Dancer » et « We Are Family » (et son célèbre « Come on, Bernard, play your funky bass, boy ! »), qui deviendra un hymne pour la communauté gay, celle-ci raffolant du son des productions Rodgers & Edwards.
En 1979, l’album Risqué est un autre très gros succès pour Chic, grâce au single « Good Times » et à sa ligne de basse démentielle, qui sera allègrement imitée par des groupes comme The Police, The Clash ou Queen, voire tout simplement samplée par le groupe de rap Sugarhill Gang pour son « Rapper’s Delight ».Malheureusement, à partir de 1980, le disco commence à s’essouffler et les ventes des albums de Chic s’en ressentent : bien qu’ayant leurs bons moments, Real People (1980), Take It Off (1981), Tongue in Chic (1982) et Believer (1983) peinent à trouver un public et en 1983, le groupe se sépare, ne parvenant pas à garder ses chanteuses, qui plus est.
Un brouillard de cocaïne s’est depuis longtemps répandu autour de Rodgers et Edwards, qui s'adonnent aussi à l'alcool, ce qui n’a pas amélioré la situation.
Les querelles d'ego, aggravées par la drogue, se font presque quotidiennes.
Souvent en collaboration avec Edwards, Rodgers devient alors un des producteurs-phares des années 80, enregistrant et jouant avec Diana Ross (l’album Diana et le méga-tube « Upside Down »), Madonna (Like A Virgin), David Bowie (Let’s Dance), Debbie Harry (Koo Koo), albums sur lesquels on entend aussi Tony Thompson.
En revanche, les deux disques de Rodgers en solo, Adventures in the Land Of The Good Groove (1983) et le novateur B-Movie Matinee (1985) passent inaperçus.Egalement boulimique de travail, Edwards, le bassiste suprême, enregistre lui aussi une galette en solo, mais désastreuse, Glad To Be Here (1983), et créé parallèlement à ses activités derrière la console un projet avec le chanteur Robert Palmer et des musiciens de Duran Duran, The Power Station, qui enregistrera deux albums à dix ans d’intervalle et connaîtra deux hits avec « Riptide » et une reprise du « Get It On (Bang a Gong) » de T.Rex.
En 1985, Tony Thompson, devenu un batteur de studio très demandé et qui a accompagné David Bowie sur la tournée Serious Moonlight, a droit à un immense honneur lorsque Jimmy Page fait appel à lui pour jouer avec Led Zeppelin reformé au Live Aid de Philadelphie, en tandem avec Phil Collins.
Impressionnés par sa performance, Page, Robert Plant et John Paul Jones le convoquent début 1986 en Angleterre pour prendre part à des répétitions secrètes, en vue d’un comeback du Zeppelin : au bout de deux jours de travail et alors que tout semblait marcher pour le mieux, Thompson a un accident de voiture et se fracture les deux jambes, ce qui fait tomber le projet à l’eau.Chic RevivalLes années passent et grâce à la scène dance, le revival Chic, inévitable, se produit, si bien qu’en 1992, lors d’une soirée où il fête son anniversaire, Nile Rodgers rejoue avec ses anciens complices et y prend tellement de plaisir qu’il décide de remonter Chic, mais Tony Thompson préfère ne pas les rejoindre, se consacrant à Crown Of Thorns, un groupe mis sur pied par l’ex-Plasmatics Jean Beauvoir.
Avec de jeunes chanteuses et des musiciens de séances, Rodgers et Edwards enregistrent tout de même l’album Chic-Ism, avec le hit «Chic Mystique » et redonnent des concerts avec des invités comme Steve Winwood au chant et aux claviers, le Guns N’ Roses Slash à la guitare (sur « Le Freak ») et les Sister Sledge, qui viennent chanter « We Are Family » et « He’s The Greatest Dancer ».Le 18 avril 1996, lors d'un concert donné au Budokan de Tokyo avec Chic, Bernard Edwards est victime d'un malaise sur scène et le show doit être écourté.
Très fatigué par ses abus, il meurt quelques heures après dans sa chambre d’hôtel d’une crise cardiaque (on évoquera aussi une pneumonie), ceci après une nuit blanche de trop (le concert paraîtra quelques années plus tard sur un album live).
Propriétaire du nom Chic, Rodgers décide de continuer le groupe, où il est le dernier membre original, même si avec Edwards et sa basse, il a sans doute perdu ce qui faisait l’atout maître de sa formation.
Toujours d’attaque et n'ayant rien perdu de son flair légendaire, il fonde le label Sumthing Else, spécialisé dans les musiques de jeux vidéo et qui fait un tabac.
Le 12 novembre 2003, Tony Thompson s’éteint à son tour, officiellement victime d’une défaillance rénale.Eligible au Rock N’Roll Hall Of Fame depuis quatre ans, Chic, qui n’a à vrai dire pas encore été reconnu à sa juste valeur, continue de donner régulièrement des concerts, même s’il se borne le plus souvent au continent américain – le DVD Live At Montreux 2004 (avec Omar Hakim à la batterie, Jerry Barnes à la basse, Sylver Sharp et Jessica Wagner comme chanteuses) donne plus qu’un aperçu de la façon dont il fonctionne aujourd’hui, c'est-à-dire toujours à plein régime.
Chic et choc, en quelque sorte.
Le Freak
31
Good Times
18
I Want Your Love
11
My forbidden lover
11
Shine
10
My Feet Keep Dancing
9
Everybody Dance
6
You Are Beautiful
5
Dance dance dance (yowsah, yowsah, yowsah)
3
Le Freak
3