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Suicide

Né de la rencontre en 1970 d’Alan Vega et de Martin Rev, le duo Suicide peut être considéré comme la première formation à avoir popularisé la formule chant synthé, ce qui lui vaut aujourd’hui une place de choix au Panthéon des groupes cultes de la musique électronique.
On aurait presque envie de ne parler que de ce son, unique, incroyablement visionnaire, mais comment ne pas évoquer cet arrière-plan, qui plus de trente ans après fait encore rêver bien des mélomanes: pur produit du New-York arty des années 70, Suicide incarne en effet à merveille l’ensemble des fantasmes liés à cette ville et à cette époque.A la fin des années 60, Alan Vega, de son vrai nom Alan Bermowitz, est étudiant en art au Brooklyn College et militant au sein d’Art Workers Coalition, un mouvement dénonçant la logique commerciale des musées, dont la postérité a retenu quelques opérations coup de poing, notamment une occupation du Museum of Modern Art de New-York en 1970.
A la même époque, Vega participe à la création d’un espace dédié à l’art en plein cœur de Manhattan, Project of Living Artists, où se croisent artistes, musiciens, intellectuels et junkies, dans un esprit proche de celui de la Factory d’Andy Warhol.
Peintre et sculpteur, Alan Vega y présente régulièrement ses créations, des installations à base de machines et d’instruments électriques, il y organise également des performances, mémorables si l’on en croit légende.
En 1970, il fait la connaissance de Martin Reverby, alias Martin Rev, clavier et batteur dans un groupe de jazz d’avant-garde, Reverend B.
Un premier concert a lieuau Project of Living Artists: Vega chante accompagné de Rev à l’orgue farfisa et d’un guitariste, pour un Suicide «première mouture».
L’expérience se poursuit l’année suivante dans une galerie de Soho, OK Harris, où Alan Vega et Martin Rev se produisent seuls pour un show annoncé comme «A punk music mass».S’il faut attendre 1975 pour que Suicide commence à enregistrer, le duo ne tarde pas à se faire un nom dans le milieu underground new-yorkais grâce à des performances live d’une rare intensité.
Les anecdotes sont nombreuses à ce sujet, certaines relevant plus du mythe – largement entretenu par Alan Vega – que de la réalité.
Peu importe, d’ailleurs, car s’imaginer ce dernier menaçant le public en faisant tournoyer une chaîne de moto est tellement séduisant qu’on n’a aucune envie de vérifier l’exactitude de cette histoire fréquemment racontée.
On s’étonne même que la pratique ne soit pas davantage répandue.
Passons.
Malgré un accueil parfois mauvais du public, pour ne pas dire un rejet total, Suicide poursuit son ascension et joue en première partie des Ramones et des New York Dolls dans des lieux devenus légendaires, CBGB’s et Max’s Kansas City.Une boîte à rythmes d’occasion achetée par Martin Rev est à l’origine d’une évolution décisive.
Les premières démos de Suicide, qu’on peut entendre en bonus sur la réédition du second album, permettent de suivre les expérimentations de Rev et d’assister à la naissance progressive de ce son immédiatement identifiable qui deviendra la marque de fabrique du duo.
En 1976, le morceau «Rocket 88» (renommé plus tard «Rocket USA») figure sur une compilation du Max’s Kansas City.
L’année suivante, Suicide sort son premier album chez Red Star, le label dirigé par l’ancien manager des New York Dolls, Marty Thau.
Sobrement intitulé Suicide, cet opus a connu un succès commercial relativement limité mais a tout de même permis au groupe de se faire connaître à l’étranger.
Ce qui frappe de prime abord, c’est le caractère extrêmement dépouillé de l’ensemble: des mélodies entêtantes jouées au synthétiseur appuyées par le tempo rapide et ultra-répétitif d’une boîte à rythmes.
Niveau économie de moyen, difficile de faire mieux.
Côté chant, on ne peut s’empêcher de penser à Elvis Presley à l’écoute de la voix si particulière d’Alan Vega: étonnant contraste entre l’attitude plutôt menaçante du bonhomme vis-à-vis du public et ce timbre de crooner qui ne jurerait pas à la tête d’une formation rockabilly.
L’autre élément très caractéristique du son Suicide est l’utilisation de nombreux effets sur la voix, principalement l’écho et la réverbération.
De cette recette peu orthodoxe et on ne peut plus visionnaire pour l’époque, le duo a fait un album qui n’a pas pris une ride aujourd’hui et que beaucoup considèrent comme un classique absolu des premières heures de l’electro, quelque-part entre la rage punk et l’expérimentation à la Kraftwerk.Ce premier album ne passe pas inaperçu au sein de la scène punk anglaise, et ce malgré un décalage qui ne sera pas sans provoquer quelques remous par la suite.
Invité à se produire en première partie des Clash et d’Elvis Costello, Suicide se retrouve ainsi confronté à un public pour qui l’absence de guitariste et de batteur apparaît comme une hérésie totale.
S’en suivent des concerts au cours desquels le duo est au mieux sifflé du début à la fin, au pire agressé physiquement par des spectateurs.
Témoignage unique enregistré en 1978,le live 23 minutes over Brussels - qui figure en bonus sur la réédition du premier album – s’achève par une mini-émeute qui contraint le groupe à quitter la scène.
Le débat houleux sur la musique électronique ne fait que commencer…Le second album de Suicide sort en 1980.
Initialement intitulé Alan Vega and Martin Rev – Suicide, cet opus sera plus tard rebaptisé The Second Album.
Produit par Ric Ocasek, également chanteur du groupe new wave The Cars, cet album se distingue du précédent par un son très «propre» et un côté beaucoup plus pop.
Paru sur le label new-yorkais ZE, très en vogue à cette époque, le disque reçoit une excellente critique à sa sortie mais reste un échec commercial; il constitue pourtant une influence majeure pour les premiers groupes de pop synthétique européens, tels Soft Cell, Human League et Depeche Mode.Par la suite, sans qu’il n’y ait jamais rupture, Alan Vega et Martin Rev vont mettre entre parenthèses Suicide pendant plusieurs années pour se consacrer chacun à une carrière en solo.
Le premier connaît ainsi un succès inattendu en France avec «Jukebox Babe», qui atteint les sommets des ventes.
L’album dont il est extrait, Alan Vega, sort en 1980, suivi l’année suivante de Collision Drive, qui comprend entre autres une reprise de «Be-Bop-A-Lula».
Notons qu’Alan Vega est désormais accompagné par un «vrai» groupe, avec guitare-basse-batterie, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre son entreprise de rénovation du rockabilly.
Avec Saturn Strip et le décevant Just a Million Dreams, sortis respectivement en 1983 et 1985, Vega s’engage de plus en plus sur le territoire de la pop, au risque parfois de s’assagir un peu trop.
Martin Rev choisit quant à lui une ligne plus expérimentale, davantage dans le prolongement de Suicide.
Entre industrielle et ambient avant l’heure, ses albums Martin Rev et Clouds of Glory (1980 et 1985) permettent de mesurer le caractère incroyablement visionnaire de la démarche de cet homme de l’ombre, beaucoup plus discret que son acolyte.Nos deux hommes se retrouvent en studio en 1988 et enregistrent avec leur producteur Ric Ocasek un nouvel album, A Way of Life, qui reprend plus ou moins la formule pop (tout est relatif, bien sûr) entendue dans The Second Album.
Si l’ensemble est de qualité et procure encore quelques frissons, on sent parfois que Suicide peine à se renouveler.
Même impression à l’écoute de Why be blue? , quatrième opus paru en 1992.
D’autres projets en solo voient le jour à la même époque: de nouveaux albums pour Alan Vega - désormais en duo avec Liz Lamere, Deuce Avenue (1990), Power on to zero hour (1991), New Raceion (1993), Dujang Prang (1995) et 2007 (1999), tous très électroniques.
Le temps d’un l’excellent album, Righteous Lite (1999), Vega va également former le duo Revolutionary Corps avec le producteur de techno et ancien guitariste d’Altered Images Stephen Lironi.
Martin Rev va de son côté sortir quatre autres albums solos dans une veine toujours très expérimentale, Cheyenne (1991), See me ridin’ (1996), Strangeworld (2000) et To live (2003).
Les vrais fans voudront bien consulter une discographie plus complète pour avoir un aperçu des multiples autres collaborations et projets ayant associé Alan Vega et Martin Rev.Le dernier album de Suicide, intitulé American Supreme, est paru en 2002.
Plus novateur que son prédécesseur Why be blue? , il révèle une véritable évolution de la démarche créatrice à travers l’utilisation de nouvelles méthodes de composition, le recours aux samples et aux scratchs notamment.
Il renoue surtout avec une certaine urgence qui caractérisait les premiers enregistrements du duo.
Si les morceaux de Suicide ont rarement un contenu politique explicite, ils constituent tout de même de véritables chroniques de leur époque et American Supreme se veut ainsi un instantané de l’Amérique post-11 septembre.La tragédie de Suicide est peut-être d’être entré dans la légende trop tôt.
Difficile dès lors de poursuivre une carrière quand plane sans cesse l’ombre de ce premier album dont on peut difficilement imaginer un digne successeur.
Reste ce glorieux passé à fouiller… Chaque nouvelle année amène ainsi son lot de réédition agrémentée de lives inédits ou de raretés quasi-introuvables.
Gérant plus ou moins sereinement cet héritage, le duo continue de se produire occasionnellement au cours de concerts évènements: ainsi a-t-on pu les entendre à Paris au Centre George Pompidou en 2002.
N’aurait-il d’ailleurs pas été judicieux d’utiliser la légendaire chaîne de moto face au public parisien? L’auteur de ces lignes s’interroge...

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